du Mont de l'Aigle

du Mont de l'Aigle Bullmastiff

Bullmastiff

L'histoire du Bullmastiff

L'histoire du Bullmastiff

Le Bullmastiff naquit d'un besoin : celui de disposer de chiens aussi efficaces possible dans la lutte contre le braconnage nocturne. A la fin du XIXème siecle, les landlords (propriétaires terriens) tenaient beaucoup à leur gibier et face à l'augmentation des actes de braconnage, avaient fait édicter des lois extrêment sévères : le braconnier, "surpris dans l'exercice de ses fonctions", encourait des sanctions allant jusqu'à la pendaison. Le métier de garde-chasse était devenu dangereux car le braconnier surpris n'hésitait guère à tirer sur les gardes-chasse ; on comprend que ceux-ci manquaient d'entrain pour sortir la nuit.

Les landlord se tournèrent alors du côté de la gent canine pour trouver un autre moyen de lutte contre le braconnage. Ce n'était pas simple, car il fallait que le chien repère l'intrus et l'arrête (comme on arrête un malfaiteur) mais sans nécessairement le dévorer, puisque tout promeneur après la tombée de la nuit n'était pas forcément un braconnier. Ils essayèrent diverses races sans se préoccuper au départ de la plastique des chiens. Après de nombreux essais infructueux, le croisement entre le Mastiff et le Bulldog fut retenu, notons que le Bulldog de cette époque, était très différent de celui que nous connaissons maintenant.

L’hybridation de ces deux races n’avait rien de nouveau et n’était qu’une remise à la mode d’une pratique ancienne qui avait fait ses preuves. Ainsi, Manwood parle dès 1272 de races qui descendraient d’un "enfant du Mastiff" mais qui ne serait pas lui-même un Mastiff. D’autre part, toujours d’après les textes, rien ne prouve que les chiens qui combattaient les taureaux étaient des Bulldog . Tout est envisageable, la race Bullmastiff ayant pu se former et évoluer par croisements avec des chiens plus ou moins sauvage. En 1791, le naturaliste Buffon faisait remarquer que "le Mastiff produit en croisement avec le Bouledogue un chien que l’on nomme Fort-Bouledogue" . De même, vers la même époque, Hutchinson déclarait connaître un chien né d’un croisement entre le Mastiff et un Bulldog qui était un excellent chien de piste. En 1804, Thornhill confirmait les affirmations de Buffon en déclarant que "le Mastiff et le Bulldog produisent un mélange nommé Fort-Bouledogue, plus grand que ce dernier". Enfin en 1820, Lawrence affirmait que des "Mastiffs plus petits et croisés auraient reçu une ou deux trempes de sang Bulldog" .

Mais revenons à la fin du XIXème siècle, on envisagea donc, après de nombreux essais avec d’autres races comme le Wolfhound et le Dogue allemand, de croiser le Mastiff et le Bulldog. C’est ainsi que furent créés les fameux "Game-Keeper’s night dog" qui pesaient 60 kg environ et arboraient évidemment un pelage foncé (bringé) , qui les rendait d’autant plus discrets. Walsh qui, dès 1867, parle des Game-Keeper’s night dog affirme en 1886, que les croisements entre le Mastiff et le Bulldog étaient établis pour donner ce type de chien. Trois ans plus tard, il écrivit ; "le Bulldog est un excellent gardien sans équivalent, excepté peut-être, le Bullmastiff qui en dérive par croisement direct" . Le nom Bullmastiff était enfin mentionné. Mais il restait encore un long chemin à parcourir pour que ce substantif désigne une race.

Ces nouveaux chiens devaient répondre à certains critères : être puissants, vifs, disciplinés, courageux et dotés d’un excellent flair. Ils étaient ensuite dressés afin de pouvoir maitriser, sans les tuer, les braconniers. Cette éducation était toute une affaire. On ne gardait que certains chiots particulièrement robustes et dynamiques. Ils recevaient une alimentation spécialement riche et jusqu’à l’age de quatre mois, on leur épargnait les épreuves fatigantes. Puis on les "sortait" pour les habituer à la compagnie des choses licites : gens et chiens de la maison, bétail, volaille, lapin, etc. On leur faisait faire le "parcours du combattant" : rivière, fossé, murs, barrière, etc., avec coup de feu bien sûr. Vers huit mois, on les muselait et on leur apprenait à poursuivre un homme dans la campagne ; comme il fallait leur faire comprendre que ce n’était pas un jeu, l’homme-proie leur distribuait quelques coups de bâton, jusqu’à ce que les chiens comprennent que la première chose à faire était de plaquer l’homme à terre, dans une position où il ne pouvait plus leur faire grand mal. On augmentait la dose-bâton progressivement et d’ordinaire, les chiens étaient opérationnels entre quatorze et dix-huit mois.

En 1901, le journal The Field rapporte qu'un certain M. Burton, éleveur de Bullmastiffs, avait parié qu’aucun homme n’échapperait à de tels molosses : "on donna une grande avance à l’homme, mais le chien muselé s’élança derrière pour le prendre immédiatement, le jeter au sol dès le premier bond. L’homme bravement, tenta de de se remettre debout. Il fut empêché chaque fois pour être enfin maintenu au sol jusqu’à ce que le maitre du chien vienne le délivrer. L’homme tenta sa chance à trois reprises avec ce chien formidable, mais à chaque fois, il fut pris et se retrouva dans l’impossibilité de se libérer lui-même". Le chien de ce pari, fut surnommé Thorned wood terra (terreur des fermes). Il intéressa par la suite le ministère de la Guerre anglais et la police. On recommença l’expérience en organisant des concours durant lesquels un homme de bonne volonté, convenablement protégé et armé d’un bâton, devait se libérer d’un Bullmastiff soigneusement muselé et lancé à sa poursuite. A chaque fois, l’homme perdait son pari. De telle victoires contribuèrent à rendre ce chien très populaire et très apprécié des Anglais qui étaient fiers d’avoir créé un animal aussi esthétique et courageux. De nombreux faits divers finirent d’écrire sa légende, comme la fois où le Bullmastiff de la famille Bennett sauva leur fille de la noyade tout en mettant en fuite un vagabond. Le même animal maîtrisa et immobilisa pendant toute une nuit un cambrioleur qui s’était introduit dans leur propriété en leur absence.

Dès lors, le bullmastiff fut considéré comme le plus noble des chiens de garde anglais. La police britannique s'intéressa à ce chien, c'est d'ailleurs sous l'impulsion du Club national des chiens de police Bullmastiffs, fondé en 1920 et présidé par le très célèbre M. S.S Moseley, qu'en 1924, le Kennel Club admit le bullmastiff comme race à par entière.  Moseley considéré par certain comme le créateur du Bullmastiff standard, avait publié après la Grande Guerre un ouvrage dans lequel il indiquait comment il avait procédé pour créer le Bullmastiff idéal. D’après lui, ayant croisé une chienne Mastiff et un chien Bulldog, il avait obtenu un animal ayant 50% du sang de chaque race. Une des chienne issues de cette naissance fut saillie par un Mastiff. Il obtient alors une portée ayant 75% de Mastiff et 25% de Bulldog. Une nouvelle chienne de ce croisement fut saillie par un chien mi-Mastiff mi-Bulldog. Cette opération apporta à Moseley le spécimen désiré : 60% mastiff et 40% Bulldog (62.5% et 37.5% pour être exact) Le croisement fut répété, mais avec des sangs nouveaux. Ainsi naquit la fameuse lignée Farcroft et le Bullmastiff standard qui est devenu une race pure. Pour être admis au Kennel Club, le chien ne devait avoir aucun ancêtre Mastiff ou Bulldog depuis au moins trois générations. Le nom du premier chien inscrit était Farcroft Fidelity et le premier champion Farcroft Silva . En 1933, l’American Kennel Club reconnu le Bullmastiff et l’on trouve des représentants de la race dans tous les pays anglo-saxons. Ainsi, certains spécimens furent utilisés comme vigiles dans les mines de diamant d’Afrique du sud. Au début du XXème siècles tous les commissariats britanniques avaient "leur" Bullmastiff, mais à la fin de la seconde guerre mondiale les chiens de berger le remplacèrent progressivement, ce qui changea son mode de sélection : basé jusque-là sur le travail, il s'orienta définitivement sur le standard.

Les Bullmastiffs arrivèrent officiellement en France en 1948, importé d’Angleterre par Mme Langlais (ce n’est pas une blague) éleveuse sous l’affixe des Récollets du Lude, le club français du Bullmastiff fut fondé en 1957, puis il deveint le Club français du Bullmastiff et du Mastiff. En 1977 fut organisé la première nationale d'élevage sous l'impulsion de son président de l'époque M. J Sénécat afin d'avoir une vue d'ensemble du cheptel français. Depuis 1985 cette manifestation a lieu annuellement. 

Les bullmastiffs actuels ne sont plus ces "terribles" chiens de garde qu'ils étaient à leur création, ils ont gardé la puissance et le dynamisme mais l'aspect physique et le caractère ont été modernisés, c'est cette histoire que les pedigrés de mes chiens vous racontent. Comment est-on passé d'un champion comme CH.Roger of the fenns né le 07/11/1929 (voir photo ci-haut) aux bullmastiffs d'aujourd'hui ? Pour comprendre cette mutation il vous faut suivre les grandes lignées anglaises (Oldwell, Bullstaff, Bulmas, etc ...). J'ai essayé, dans la mesure du possible, de remonter jusqu'au premiers bullmastiffs* inscrits au Kennel Club britannique, afin de vous permettre de comprendre comment en resserant leur courant de sang, comment en privilégiant tel reproducteur plutôt que tel autre, les éleveurs ont fait évoluer la race de leur coeur, et au final ont obtenu le Bullmatiff moderne.