
Nous élevons, en plus de nos Bulldogs, des moutons, des poules et des canards. Pour les canards nous élevons la race la plus commune, le très fameux canard de Barbarie. Pour les moutons et les poules nous avons choisi des races originales ou rares parfaitement adaptées à notre cadre de vie. Laissez-moi vous guider dans ce monde parfois étrange et attachant des animaux de ferme...
Le mouton de Soay : est une race primitive établie depuis plusieurs millénaires (période du bronze) sur la minuscule île de Soay (photo ci-dessus). D'une superficie d'1 km², cette île inhabitée se situe dans l'archipel de Saint-Kilda (atlantique nord) à 160 km de l'Ecosse. Ces moutons Féral (race domestique redevenue sauvage) étaient utilisés comme réserve alimentaire par des peuples marins non définis. Ils ont réussi à survivre sur cette île dans des conditions particulièrement peu favorables : falaises vertigineuses, vents violents, températures extrêmes, avec une mortalité pouvant atteindre jusqu'à 80% du troupeau certains hivers, une espérance de vie pour les béliers qui dépassait rarement les deux ans, ces derniers rentrant en lutte avant la période hivernale, ce qui entrainait une grande dépense d'énergie et limitait leur recherche de nourriture, calories indispensables pour survivre aux durs hivers écossais. Ajoutez à cela un troupeau de petite taille, sans apport de génétique exterieur sur une période de 3000 ans entrainant une consanguinité difficilement concevable. Et pourtant le mouton de Soay est aujourd'hui considéré comme le mouton le plus rustique au monde.
Un certain nombre de moutons de Soay ont été transférés de Soay vers l'île principale de l'archipel (Hirta, 6 km²) par le Marquis de Bute dans les années 1930, après que la population humaine ait quitté l'île, ainsi que les moutons qu'elle élevait. La population de Soay dorénavant installée sur l'île d'Hirta ne subit aucune intervention humaine, mais a régulièrement été le sujet d'études depuis les années 1950 et constitue la population matrice dont sont issus la plupart des autres élevages. Elle constitue une population modèle pour l'étude de questions génétiques en matière d'évolution et, de dynamique des populations du fait de son isolement, (aucune émigration ou immigration) dans un contexte de pression sélective caractérisée par l'absence de concurrent ou de prédateur significatif.
Nous utilisons le mouton de Soay en éco-paturage, en liberté dans notre propriété, ils sont des tondeuses efficaces, belles et attachantes. Nettement plus résistant aux parasites que les ovins classiques, il y a moyen de les élever sans ou avec un minimum de vermifuges et sans suivi sanitaire obligatoire. Nettement moins sélectif que les ovins classiques dans le choix de sa nourriture, il est idéal pour faire du pâturage permanent d’entretien. Perdant sa laine naturellement, il ne nécessite pas de tonte ni de soins particuliers aux onglons. Léger, il occasionne peu de dégradation et est idéal pour les terrains en pente comme le nôtre. Ils peuvent rester toute l’année dehors même pendant l'agnelage, juste prévoir un abri artificiel pour qu'ils puissent s'y loger pendant les fortes pluies. D'une nature proche de l'animal sauvage, ils sont certes difficiles à mener en troupeau, mais offrent l'avantage de ne jamais charger les humains, même en periode de lutte, ce qui évite toute mauvaise surprise.
Le mouton de Soay est également élevé pour sa chair, la viande de Soay est une viande maigre avec un goût de venaison, très recherché par les chefs étoilés.
La poule Wyandotte naine : La Wyandotte est une race entièrement américaine, originaire de l'État de New York. On doit sa création à quatre personnes : Fred Houdlette, John Ray, L. Whittaker et H.M. Doubleday. Ces derniers ont entrepris de créer une poule 100% américaine à double objectif : ponte et chair, ce qui faisait défaut aux USA à la fin des années 1800. Son nom vient d'une tribu amérindienne les Hurons-Wendat. Il a été donné pour honorer l'aide et l'assistance apportée par ces Amérindiens aux premiers colons de la région. La toute première Wyandotte a été créée vers 1860. Son plumage était argenté à liseré noir. La deuxième variété était la Wyandotte dorée à liseré noir, créée quant à elle dans le Wisconsin. Le nom original de la race était en fait American Sebright, mais, en 1883, lorsque l'oiseau fut accepté par l'American Poultry Association, le nom fut changé en Wyandotte. Au début des années 1880, les premières poules Wyandotte ont traversé l'Atlantique pour impressionner les aviculteurs britanniques. La race s’est ensuite lentement diffusée dans toute l’Europe. La légende raconte qu’au début des années 1900, la Wyandotte était tellement populaire en Angleterre que les prix variaient de 35 à 165 livres sterling par poule, ce qui était pratiquement le prix d'une petite maison à l'époque !
Les Wyandottes naines furent créées en Europe grâce au travail d'éleveurs anglais, allemands et hollandais. Elles ont été standardisées en 1933. Il existe pour les naines, une trentaine de couleurs accéptées par le standard. Nous élevons les variétés dorées à liseré noir, dorées à liseré bleu et dorées à liseré blanc. La Wyandotte naine est une petite poule (1.3 kg pour le coq et 1 kg pour la poule) très agréable à vivre et qui a tout d'une grande : bonne pondeuse, bonne couveuse et exellente mère, son élevage est des plus simples, grâce à sa rusticité, sa frugalité et sa débrouillardise. Cerise sur le gateau, son poids léger et ses petites pattes font qu'elle ne détruit pas ou peu son biotope (notre jardin) par le grattage. Sa beauté et son caractère en or font d'elle la chouchoute de notre basse-cour.
La poule de Bielefeld : La Bielefelder est une race de poules originaire de la région de Bielefeld en Allemagne. Elle a été créée dans les années 1970 par l'éleveur allemand Gerd Roth à partir de la Welsumer, de l'Amrock, de la Malines, de la New-Hampshire et de la Rhode-Island. La race fut homologuée le 22 août 1980.
Bonne pondeuse en toutes saisons de gros oeufs bruns pesant entre 60 et 70 gr, c'est une race rustique et polyvalente. Elle supporte facilement le froid, et un climat humide. La croissance est plutôt rapide, ce qui en fait une bonne race pour la production de poulet à la chair tendre de couleur jaune. Malgrès son poid imposant, 2.5 à 3.2 kg pour la poule et 3 à 4 kg pour le coq, c'est une volaille agile qui n'a aucun problème pour agrémenter son repas d'insectes divers et variés. Elle a un caractère doux et sociable, je n'ai, à ce jour, jamais rencontré de coq Bielefelder agressif vis à vis de l'homme. Elle a la particularité et l'avantage d'être autosexable, En effet, les poussins mâles d'un jour sont jaune ocre avec des barres dorsales brun clair et une tache coucou blanc sur la tête. Les poussins femelles, eux, sont brun clair avec des barres dorsales brun foncé. Elle existe en deux couleurs : saumon coucou doré rouillé (la plus commune) et saumon coucou argenté (très rare).
La grande difficulté dans l'élevage de la Bielefeder c'est d'obtenir une couleur parfaite. La couleur saumon coucou doré rouillé est issue d'une génétique très complexe et le standard français demande des couleurs de poule et des couleurs de coq qui ne sont pas issues de la même génétique, ce qui n'arrange rien à l'affaire. Les top coqs ne vous donneront pas de bonnes poules et les poules primées ne vous donneront pas de coqs champions. La plupart des éleveurs, pour briller en expositions avicoles, travaillent sur des lignées "poules" et des lignées "coqs" de façon séparée. Pour nous cette façon de faire, qui semble obligatoire, nous parait illogique, donc nous préférons travailler avec le standard Allemand (beaucoup plus cohérent génétiquement) ce qui nous permet de nous concentrer d'avantage sur la rusticité, la construction générale, la vitesse de croissance et la qualité de ponte.
La poule Gauloise dorée : Véritable symbole national, elle est présente sur notre territoire depuis des millénaires, elle est même décrite par Jules César dans son livre : La guerre des Gaules. C'est la poule la plus proche des caractéristiques et coloris des coqs dorés sauvages d’Asie, dont les naturalistes s’accordent à dire qu’ils seraient à l’origine de toutes les races de poules. Le coq Gaulois veille sur nous du haut de nos clochers et des girouettes de nos toîts et est présent sur les maillots des équipes de France de football et de rugby. La poule Gauloise a été présentée pour la première fois en exposition en 1894 mais n’a jamais connue une grande diffusion, tout du moins ces deux derniers siècles. On l’a bien crue disparue après la seconde guerre mondiale, mais grâce à l'acharnement de quelques éleveurs passionnés, elle survecut et quelques sujets furent présentés en expositions avicoles dans les années 1980, depuis elle poursuit, bon an mal an, sa renaissance afin de préserver, autant que possible, un des patrimoines de nos campagnes françaises.
La gauloise dorée est une volaille de taille modeste, 2kg pour la poule et 2.5 kg pour le coq. C'est une race très sociable qui même si elle préfèrera vivre dans un grand parc boisé, s'adaptera très facilement à un petit parquet, si elle a accès de temps en temps au jardin. Plutôt bonne pondeuse, la poule pond des oeufs blancs de 55 grammes, régulièrement au printemps et durant tout l'été. Comme toutes les races anciennes, elles ne pondent pas l'hiver, c'est l'arrivée des races asiatiques (Brahma, Pekin, etc) au début de l'ère industrielle, qui ont permis par croisement avec des races locales, l'obtention des races "modernes" qui pondent toute l'année. Nos anciens, afin de conserver les oeufs pour les longs mois d'hiver utilisaient le lait de chaux. La gauloise dorée est une couveuse aléatoire, certaines poules vont s'y atteler avec ferveur et seront d'excellentes mères, tandis que d'autres s'en désintéresseront royalement. Bien sûr, les Gauloises de nos aïeux étaient toutes de bonnes couveuses, mais une forte sélection sur la ponte, a induit une perte sur l'aptitude à la couvaison (une poule qui couve et qui s'occupe de ses poussins s'arrêtant de pondre). La célèbre poule belge Braekel a suivi la même voie de sélection et alors qu'au XIXème siecle elle était considérée comme une couveuse émerite, aujourd'hui elle ne couve plus du tout. Véritable avion de chasse, la Gauloise doré peut voler sur plusieurs dizaines de mètres à une hauteur de 5 à 6 mètres au-dessus du sol sans aucune difficulté.
Il existe actuellement deux couleurs reconnues : la dorée saumonée qui est la couleur traditionelle (celle des poules sauvages d'Asie) et la dorée claire, que certains appellent la Gauloise blonde, cette variété a été créée par M.Jean-Claude Périquet (président de la Fédération française des volailles) et la couleur fut reconnue officiellement le 10 décembre 2011. Certains éleveurs, dont nous faisons partie, travaillent pour la création de la Gauloise dorée bleue, chacun empruntant des voies différentes, certains utilisent le croisement avec la Batham de Pekin, d'autres la Marans, nous, notre voie s'est imposée d'elle-même : un jour, une personne nous a proposé d'échanger une de nos poules Wyandotte contre un coq Leghorn doré bleu, au début nous n'étions pas vraiment emballés, mais quand nous avons vu la beauté du specimen, nous lui avont trouvé un nom, Omer et accepté l'échange. Je l'ai mis à la reproduction avec des poules Gauloises dorées et ai gardé cinq poules dorées bleues que j'ai remis l'année suivante avec un coq Gaulois. Si tout va bien, il me reste encore cinq générations de retrampe avec des coqs Gaulois pur race en gardant à chaque fois cinq poules dans le standard de la race et portant le gène bleu (Bl-Locus Bl/bl+)... et le tour sera joué... nous aurons nos Gauloises dorées bleues.
À tout ceux qui ont tenu jusqu'ici, recevez mes félicitations. Amitiés